Plus de 60 représentants des instances de la montagne français, italiens et suisses, se sont réunis à Chamonix les 30 et 31 mai 2023. L’objectif ? Lancer une démarche innovante pour relever le défi d’une pratique de l’alpinisme et de la montagne libre et responsable face au changement climatique. Cette fédération d’élus locaux, de professionnels et d’associations du monde de la Montagne est une première au niveau international et a permis d’initier de nombreux chantiers collectifs et transfrontaliers.

De gauche à droite : Olivier Béguin (Président de la compagnie des guides de Saint Gervais), Dorian Labaeye (Président du SNGM), Nicolas Raynaud (Co-Président de la FFCAM), Olivier Greber (Président de la Compagnie des Guides de Chamonix), Beat Bucher (Maire de Grindelwald, Suisse), Eric Fournier (Maire de Chamonix-Mont-Blanc), Roberto Rota (Maire de Courmayeur, Italie)
De gauche à droite : Dorian Labaeye (Président du SNGM), Nicolas Raynaud (Co-Président de la FFCAM), Olivier Greber (Président de la Compagnie des Guides de Chamonix), Beat Bucher (Maire de Grindelwald, Suisse), Eric Fournier (Maire de Chamonix-Mont-Blanc), Roberto Rota (Maire de Courmayeur, Italie)

L’intensification des effets du changement climatique sur l’environnement de haute montagne impacte chaque année de manière accrue pratiquants et habitants. Cette réalité appelle à de nouvelles stratégies d’adaptation. Ces évolutions se manifestent au niveau géomorphologique par des ouvertures de crevasses, des chutes de séracs, des reculs de fronts glaciaires, la formation de lacs glaciaires ou encore par des écroulements de parois.

En 2022, les voies classiques des principaux sommets emblématiques des Alpes occidentales ont toutes été impactées : Mont-Blanc, Cervin, Eiger, Grand Paradis, Jungfrau, Meije, etc.

La Mairie de Chamonix-Mont-Blanc, le Syndicat National des Guides de Montagne (SNGM) avec la Compagnie des Guides de Chamonix, et la Fédération Française des Clubs Alpins et de Montagne (FFCAM) ont accueilli dans ce contexte les acteurs de l’arc alpin français, suisses et italiens pour partager retours d’expérience et questionnements afin d’anticiper et de mieux coordonner les actions d’adaptation individuelles et collectives au travers d’une série d’ateliers participatifs.

La première journée d’ateliers a permis de travailler à la gestion des itinéraires et des accès. Le deuxième jour fut consacré aux outils et aux méthodes à développer en termes de communication, de compétence collective et de gouvernance entre acteurs publics, professionnels et associatifs de la montagne.

Ces travaux ont pu s’appuyer sur l’important travail d’analyse initié par le SNGM et le laboratoire EDYTEM à la suite de l’été 2022 sur les différentes stratégies d’adaptation des territoires, au travers d’une trentaine de retours d’expérience avec les professionnels, les fédérations, les associations, les collectivités et les instances publiques, de la prévention à la gestion de crise en passant par l’équipement de certaines voies.

De nombreuses pistes de travail ont émergé de ces rencontres, dont le lancement d’un groupe de travail visant à créer un collectif rassemblant les territoires, les amateurs, les associations et les professionnels pour valoriser ce patrimoine vivant qu’est l’Alpinisme.

Dorian Labaeye, Président du SNGM, résume ces deux jours d’échange et de travail collectif
: « L’impact du changement climatique sur la haute montagne est important depuis de nombreuses années et, à l’image de l’été 2022, il s’intensifie. Les guides de haute montagne en sont à la fois des observateurs de premier plan mais sont également moteurs dans l’adaptation nécessaire des itinéraires face à ces bouleversements.

Il a semblé fondamental au SNGM de pouvoir organiser un retour d’expérience collectif sur la saison d’été 2022 et de pouvoir en tirer des enseignements de manière à être mieux préparés pour les saisons à venir. En effet cette intensification des bouleversements de notre environnement de pratique de l’alpinisme rend plus aigües un certain nombre de problématiques et vient questionner les équilibres subtils entre la liberté et la responsabilité, l’individu et le collectif, l’auto-régulation et la réglementation.

Si nous voulons être capable de répondre aux défis que nous pose le changement climatique tout en conservant une liberté d’accès à l’univers de la haute montagne nous devons faire grandir notre compétence collective, c’est-à-dire notre capacité à coopérer entre acteurs. C’est le sens de ce temps de rencontres important qui doit être l’occasion de porter ces réflexions dans un contexte de partage de valeurs réaffirmées ».

Éric Fournier, Maire de Chamonix, revient sur l’esprit qui a guidé ces deux jours : « Ces rencontres internationales sont un signal fort, celui d’un monde de la Montagne rassemblé pour répondre collectivement aux enjeux climatiques. Elles confortent la dynamique de coopération transfrontalière de l’Espace Mont-Blanc au moment où il décide de constituer un Groupement européen de coopération territoriale (GECT).

Nos échanges ont permis également de réaffirmer certaines valeurs essentielles à une pratique aujourd’hui inscrite à l’UNESCO, au patrimoine culturel immatériel de l’humanité : respect de l’environnement mais aussi de l’art de l’habiter avec humilité, sobriété et responsabilité. Face à la tentation de la surrèglementation, les territoires de montagne continuent de démontrer leur sens du collectif et leur capacité à être pionniers dans l’adaptation.

Bien entendu, si la montagne doit rester un espace de liberté, elle n’est pas une zone de non droit. Il revient à l’ensemble de ses acteurs de tendre à toujours mieux former, informer, transmettre et sensibiliser. L’alpinisme joue un rôle essentiel dans la transformation des territoires de montagne, nous nous félicitons qu’il continue à montrer de nouvelles voies dans la capitale mondiale qui l’a vu naître. »

Nicolas Raynaud, co-Président de la FFCAM, conclut : « Face aux urgences climatiques, aux évolutions de la montagne, aux menaces sur la biodiversité, mais également pour répondre favorablement à l’attrait grandissant pour la nature, les grands espaces, la montagne, le partage, l’engagement sportif, nous devons plus que jamais agir ensemble. Pour cela il est nécessaire de comprendre, de partager les expertises et les expériences, de nous concerter et de fédérer pour une montagne résiliente.

À nous de poursuivre un développement mesuré, respectueux et responsable des pratiques sportives et des territoires de montagne. Notre feuille de route : limiter fortement nos impacts, faire en sorte que ceux qui vivent en montagne puissent y rester, transmettre à tous ceux qui viennent séjourner dans nos territoires une part de l’expérience montagne : une randonnée, un sommet, une nuit en refuge, une rencontre avec le sauvage, bref tout ce qui rend ce moment unique et sublime. C’est notamment ce que nous impulsons depuis 2 ans à travers le développement du label « Terre d’Alpinisme », permettant aux territoires de trouver une identité forte autour des valeurs de l’alpinisme et de sa promotion pour tous.

La commune de Chamonix, le SNGM et la FFCAM s’engagent à travailler à la constitution d’un collectif qui rassemble les territoires, les amateurs, les associations et les professionnels pour valoriser ce patrimoine vivant qu’est l’Alpinisme, pour développer le label Terre d’Alpinisme, et faire vivre son inscription à l’UNESCO. »

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