La célébration du 75e anniversaire de la libération de Chamonix et de sa vallée a été organisée le samedi 17 août 2019 en présence de délégations d'anciens combattants, de l'EMHM, du PGHM et du CNEAS et de nombreux élus de la vallée; cérémonie dirigée par Eric Fournier, maire de Chamonix avec une prise de parole émouvante de René Bozon, ancien résistant, qui relata les circonstances de la libération de la vallée entre le 14 et le 17 août, complétées par les combats au refuge Torino jusqu'en février 1945.

UN TERRITOIRE LIBERE PAR LA SEULE RESISTANCE
Après Evian les Bains et Saint Julien en Genevois libérées le 16 août, Chamonix ainsi que Le Fayet et Thonon les Bains sont libérées le 17 août. Suivront Cluses et Annemasse le 18 août et Annecy le 19 (libération à laquelle participent des éléments armés de Chamonix).
Cas unique en France, la Haute-Savoie a été libérée dès 1944 par les seules forces unies de la résistance.
La libération du département a véritablement commencé à s’organiser à partir du parachutage d'armes par les américains sur le plateau des Glières le 1er août. Le vendredi 11 août, la mobilisation générale est lancée par les FFI. Le débarquement de Provence entre dans sa phase active le 15 août et la Résistance en profite pour harceler encore un peu plus l’occupant.

UNE LIBERATION SANS EFFUSION DE SANG
La libération de Chamonix, le 17/08/1944 est obtenue après de longues négociations entre les officiers FFI et le commandement allemand. Elle ne se fait pas dans le sang, même si la veille, un accrochage sur le viaduc Sainte-Marie fit une victime, le sous-lieutenant des FFI, Renaud Dartigue-Peyrou.

APRES 4 ANS
Après 4 années de privations, d'humiliations et d'exactions, le pays a entrepris et accompli sa libération, avec l'aide notable et indispensable des Alliés, les débarquements de 1944 (Normandie puis Provence) marquant l'annonce du début du reflux des armées allemandes. Ce reflux qui prendra encore 9 mois pour aboutir à leur capitulation définitive. Après ces 4 années, le pays respire et entrevoit un avenir moins sombre. Aragon a bien résumé avec ses mots ce sentiment de rupture avec les heures sombres, dans un court poème publié une douzaine d'années après l'événement:

"Mois d'août 1944;
Maintenant, maintenant il peut
Ce vieux coeur s'arrêter de battre:
Je sais ce que c'est qu'un ciel bleu".

L'EXIGENCE DU TRAVAIL DE MEMOIRE
Il convient de saluer l'engagement et le courage de ceux qui, en cette période trouble et douloureuse, ont fait le choix de la résistance: de très jeunes gens ou adolescents engagés dans la lutte armée, des femmes et des hommes investis dans l'organisation de structures d'accueil et de transit, des femmes et des hommes qui ont caché des enfants ou aidé des familles à passer la frontière. Nous savons ce qu'ils ont réalisé et nous savons ce que nous leur devons. Ils continuent à exister dans nos mémoires.

N'oublions pas, n'oublions jamais que nous avons bénéficié depuis la Libération d'une période inédite, jamais vécue dans l'ère moderne, de 75 années de paix, du moins en Europe occidentale. A l'heure où les menaces se renforcent en divers endroits du monde, il est impératif de rester fidèle à des valeurs qui ont permis d'assurer cette paix. C'est aussi le sens d'une célébration comme celle du 17 août.