Commentaire d'Eric Fournier à la proposition annoncée le 3 septembre 2018 de définir un quota quotidien d’ascensionnistes et de rendre la réservation dans un refuge obligatoire.

«La recrudescence de témoignages apportés cet été (incivilités, tentatives d’ascension par des personnes non préparées, attitudes discourtoises), révèle une situation singulière sur la voie normale du Mont-Blanc. Nous sommes ici confrontés à la multiplication de comportements individuels répréhensibles, davantage qu’à une question relative à la gestion de la haute montagne. Ce n’est évidemment pas la pratique de l’alpinisme et l’accès à la montagne qui sont remis en cause, mais bien le manque de culture montagnarde de certains prétendants à l’ascension du Mont-Blanc.

Cette situation se concentre sur la voie normale du Mont Blanc depuis Saint Gervais. La banalisation progressive de cet itinéraire, avec l’équipement posé sur l’aiguille du Goûter, la reconstruction du refuge et son exploitation selon des modalités (réservations notamment) qui font débat, y auront pour beaucoup contribué. Il convient donc de distinguer cette situation particulière de la pratique sportive et de la fréquentation constatée sur l’ensemble du massif.

Or ces comportements et incivilités, inadmissibles et largement médiatisés, ont précipité la mise en place de mesures de régulation sur la voie normale d’accès au Mont Blanc sans que soient mesurées leurs incidences et leurs effets de bord sur les autres voies d’accès au sommet.

Sera concernée, entre autres et côté chamoniard, la voie de la traversée du Mont Blanc. Aux risques objectifs (chutes de séracs) de ce parcours s’ajoute l’aléa nivologique qui, même en saison estivale, peut générer des situations délicates dans cette voie techniquement plus difficile. Une analyse détaillée des risques d’un report de fréquentation sur cet itinéraire, mais aussi d’autres, aurait dû être conduite par l’autorité préfectorale en y associant notamment les compagnies des guides et le PGHM.

C’est ce que j’avais demandé à Pierre Lambert, Préfet de la Haute Savoie.

Il est déplorable qu’une analyse plus globale des solutions qui pourraient être mises en œuvre sur l’ensemble des voies d’accès du Mont-Blanc n’ait pas été travaillée.

Les incidences et conséquences d’une décision ne considérant qu’un seul versant pouvant s’avérer dramatiques, la commune de Chamonix-Mont-Blanc sera amenée à prendre des mesures permettant de gérer les effets négatifs de cette décision non concertée».